Just dance Now, un titre festif au potentiel économique dément
En transformant son jeu de danse phare en application smartphone connectable à n’importe quel écran relié à internet, Ubisoft tente de capitaliser sur l’aura d’une de ses principales franchises. Un titre festif au potentiel économique tout simplement monstrueux.
Que l’on ne s’y trompe pas, en dépit d’une communication financière parfois curieuse, Yves Guillemot tient parole lorsqu’il s’agit du développement économique de son entreprise. Il avait promis de nouvelles innovations sur le « segment Casual » tout en insistant sur un développement des recettes dématérialisées.
Just Dance Now, s’inscrit très clairement dans ce double objectif.
1. Just Dance now : une innovation de rupture
« Just Dance » illustre à lui seul le « casual gaming » et l’histoire de la Wii. Cette dernière s’écroulant le titre phare d’Ubi connait lui aussi un effondrement de ses ventes en dépit de son portage sur les autres plate-formes du marché.
L’éditeur n’avait que deux choix : laisser mourir à petit feu sa franchise ou introduire une innovation de rupture. Il a finalement opté pour cette dernière solution avec un succès indéniable.
En effet, et je reconnais le caractère paradoxal, la démonstration de « Just Dance Now » a été pour moi le moment le plus impressionnant de la conférence Ubisoft lors de l’E3 2014.
Pourquoi ? Parce que la présentation sortait des ronronnements attendus des AAA d’Ubi à la sortie et à la présentation réglée comme un métronome. Tout avait été annoncé ou presque sauf… ce titre festif au potentiel dément.
2. Un titre au potentiel économique monstrueux
Un titre qui considère que le relais de croissance du Casual Gaming ce sont les centaines de millions d’utilisateurs de smartphones.
Un titre qui s’affranchit des consoles pour devenir le compagnon de tout écran relié à internet : télévision connectée, tablette, PC, Mac… bref tout ce qui dispose d’un navigateur internet moderne. Je me demande même si ça peut fonctionner sur une box.
Un titre qui se libère des limites en autorisant à un nombre « illimité » de joueurs connectés à danser ensemble devant le même écran.
Imaginez vos soirées entre amis devant votre téléviseur. Imaginez l’animation dans des soirées étudiantes. Imaginez l’ambiance dans un événement de grande taille avec des milliers de danseurs occasionnels.
Bref un titre dont la conception même, tout comme sa tarification, s’appuie sur les dynamiques de groupe.
3. Un modèle économique entre audace et arrogance
Une bonne politique de l’offre consiste à proposer un produit captant de la valeur en apportant une satisfaction réelle pour le consommateur.
Ubi a opté pour un modèle économique audacieux :
- une sélection gratuite très restreinte qui permet de s’essayer au jeu (avec publicité)
- un accès payant à l’intégralité du catalogue pendant une durée limitée
- un seul acheteur permet à tous les joueurs connectés au même écran de profiter de tout le catalogue, tant qu’ils restent présents bien sûr
Pour ma part j’estime que ce modèle oscille entre coup de génie et arrogance.
Génie car il supprime la barrière à l’entrée lié au coût d’accès et capte ainsi un public de micro-paiements.
Génie car il utilise la dynamique de groupe : un acheteur permet à tout le monde jouer à tout le catalogue sur une même session mais tout le monde doit télécharger l’application.
Après la séquence chacun se sépare, enrichi par son expérience et probablement prêt à le montrer à d’autres amis.
Dans ce cas, la mécanique se répète car, lors d’une soirée, il y a en au moins un qui va vouloir s’essayer à d’autres titres.
Ca tombe bien : une heure coûtera 99 centimes. Et comme il s’agit d’une heure universelle, et pas d’une heure de jeu cumulée, il y a probablement quelqu’un qui repassera à la caisse.
Arrogance peut-être car quelque soit le montant investi, l’utilisateur reste locataire du catalogue, même s’il a dépensé les 50€ du forfait annuel. D’autres titres utilisent cette mécanique notamment WiiU Karaoké ou encore Wii Sports Club mais il existe toujours une part d’incertitudes sur les réactions du consommateur.
D’un autre côté, UBI vise peut être les utilisations courtes avec des dépenses d’un 1 à 2€. Il faut dire que 150 millions de sessions d’une heure lui rapporteraient probablement autant que les 6 millions d’exemplaires de Just Dance 14 écoulés l’an dernier.
Just Dance Now : tarif d'accès au catalogue | Europe (€) | USA ($) |
---|---|---|
Heure | 0,99 | 0,99 |
Jour | 1,99 | 1,99 |
Semaine | 3,99 | 3,99 |
Mois | 8,99 | 8,99 |
Trois mois | 19,99 | 21,99 |
Un an | 49,99 | 54,99 |
4. Des consommateurs présents
Si l’on en croit la presse le titre constitue « L’invité idéal de vos futures soirées entre amis » selon Pocketgamer qui lui accorde sa médaille d’or. Ce même Pocketgamer estime par ailleurs que le titre aurait profité de plus de « 8 millions de téléchargements en moins d’une semaine » avec un succès des fortaits « dépassant toute les attentes » selon les propos d’une de ses sources mystères chez Ubisoft.
Si cela se vérifiait, « Just Dance Now » aurait ainsi dépassé « Trials Frontier« , publié en avril et ayant capté 6 millions de joueurs sur la même période de temps. Un nouveau succès pour Ubisoft sur le segment de la mobilité. Notons d’ailleurs que chaque jour le titre reçoit 5 à 10 000 nouveaux commentaires sur le play store de Google qui confirme aussi que le titre aurait bien été téléchargé entre 1 et 5 millions de fois. Vivement le prochain dépassement de seuil :).
Avec un telle base d’utilisateurs dont la croissance ne faiblit pas et si taux de conversion est aussi important que cela, « Just Dance Now » pourrait bien peser à lui seul 7 à 10% du chiffre d’affaires annuel de l’exercice en cours d’Ubisoft. Mais je me laisse peut être emporter par mon enthousiasme.
5. Présentation vidéo (sous-titrée en Français)
Autre sources :
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