Reply To: Suivi CAC (et autres valeurs)

#2830
BESSOU34
Participant

ILIAD (FR0004035913) rechutait hier sous les 160 euros, et aujourd’hui sous les 150 euros, affichant désormais 39% de repli sur ses records du mois de juin. Je ne peux m’empêcher de jubiler, depuis 6 mois que nous avions shorté le titre sur ses plus-hauts envers et contre tout le marché, contre même la recommandation de Goldman Sachs (GS) qui voyait le titre à 340 euros !

Bien sûr, pour expliquer la chute actuelle, il y a eu l’anticipation d’une surenchère imminente sur T-Mobile de 33 vers 35 dollars (soit 4 milliards de dollars de plus à sortir par rapport à l’offre initiale de 15 milliards de dollars de fin juillet)…

… Mais il y a aussi le résultat net qui ressort en baisse de -1,3% au 2e trimestre. Le modèle Free commence à trouver ses limites : c’est l’opérateur le plus mal noté concernant les performances techniques de son réseau, qu’il s’agisse de la 3G ou de la 4G (couverture quasi-inexistante).

Avec 3 mois de recul et l’offre sur T-Mobile, une hypothèse se dessine : ILIAD avait peut-être projeté un rachat comprenant une offre en cash et une partie sous forme d’échange de titres. Une hausse artificielle des cours aurait été orchestrée pour que la grenouille devienne aussi grosse que le boeuf (Non ??!)…

… Mais si ILIAD devait démentir formellement qu’un échange de titres a été envisagé, alors il n’y a pas une virgule à changer à l’explication que j’avais exposée à l’époque dans mon service Pitbull, et qui nous avais permis de vendre le titre à découvert en deux fois : d’abord en mars à 212 euros, et puis début juin proche de ses plus-hauts (nous avions renforcé notre position vendeuse à 235 euros : j’ai indiqué nos prises de position short par les flèches rouges).

Pour rappel, voici les arguments que j’avançais pour justifier la vente du titre, alors que tout le monde était ultra-haussier :

 » (…) Je suis convaincu qu’ILIAD est totalement hors de prix et que son comportement boursier signe l’emballage final d’une spirale haussière : donc soit vous tentez sans attendre la vente à découvert dans la zone des 210 euros… soit vous considérez que si le scénario est celui qui réplique la chute abyssale de France Télécom en 2000 (cours divisé par deux en 7 mois), il sera toujours temps de vendre en cas de rechute sous 189 euros. Personnellement, je ne vois pas ILIAD retomber rapidement vers 100 euros… mais plutôt sur les 150 euros, ce qui suffirait amplement à justifier une vente immédiate dans les cours actuels.

Les marché sont devenus une gigantesque table de poker : ‘l’important, ce ne sont pas les cartes, c’est ce que vous en faites’. Un principe que Goldman Sachs maîtrise mieux qu’aucune autre banque sur cette planète avec ce défi permanent qu’elle lance à ceux qui lui font face : ‘tu relances ou tu te couches !’.

Goldman Sachs vise maintenant plus de 340 euros sur ILIAD (contre 238 euros au cours actuel) qui se paye déjà 40 fois les bénéfices (ceux calculés pour 2014, parce que pour 2013, c’est 50 fois). A ce prix, c’est l’opérateur télécom le plus cher de la planète mais GS recommande d’acheter le titre jusqu’à ce que son PER atteigne 60 fois les profits 2015 (contre 13 fois pour Orange ou SFR/Numéricâble).

GS joue sur la ‘Nielmania’ et torture les projections d’abonnement et de revenus par abonné pour leur faire avouer qu’Iliad/Free peut pulvériser n’importe quel niveau de survalorisation (y compris ceux de France Télécom en mars 2000 à 220 euros).

Vous l’avez compris, plus la main est faible (un titre déjà valorisé à un niveau injustifiable lorsque je vous ai recommandé de shorter ILIAD vers 212 euros), plus le bluff doit être massif pour faire douter ceux qui ont du vrai jeu. Il faut que l’escroquerie intellectuelle et le délire soient énormes pour impressionner les esprits faibles (qui irait acheter ILIAD à 222 euros, l’ex-record absolu ?) : viser 60% de hausse, cela abasourdit les vendeurs car personne ne peut supporter l’idée d’une telle perte potentielle.

Goldman Sachs nous propose donc bien un ‘tu relances ou tu te couches’. Nous savons que c’est du bluff et qu’il va falloir payer pour voir et rester dans la partie : nous relançons donc en renforçant notre position avec un short à 235 euros. »

Aujourd’hui, force est de constater qu’ILIAD est un formidable révélateur de ce qu’est devenu le marché : ce n’est plus cet espace immanent où une formidable « intelligence collective » parvient chaque jour à pricer la valeur la plus pertinente d’un actif.

C’est devenu, depuis 2009, un système « à la soviétique » où les cours sont prédéterminés plusieurs heures ou plusieurs jours à l’avance et où leurs évolutions intraday sont conçues pour faire perdre le maximum d’opérateurs disposant d’informations concrètes et vérifiables… mais qui sont vulnérables à un bluff massif de la part d’institutionnels disposant d’un gisement de jetons illimités…